Alors que les entreprises françaises réduisaient le nombre de leurs plateformes de formation depuis des années, le mouvement s’est inversé : 59,7% des entreprises du panel Féfaur sont aujourd’hui dotées d’une plateforme unique contre 61,7% en 2016.

L’idée d’une plateforme unique est séduisante par sa simplicité.

Qu’on y songe… Un seul fournisseur qui finira par connaître parfaitement son client, contexte et besoins, niveau de maturité et d’engagement dans l’usage de la plateforme ; réciproquement, un client qui se plaint parfois de son fournisseur, mais le connaît tout aussi bien, et mesure l’inconvénient qu’il y aurait d’aller voir ailleurs. La Direction formation et son fournisseur de plateforme ressemblent parfois à ces vieux couples que soude une commune volonté de supporter le fruit commun de leur labeur : une solution LMS pas toujours à la hauteur des services attendus, mais qui bon an mal an, non sans grincement de dents, finit par remplir son office.

Quand la simplicité se complique… 

De fait, certaines entreprises sont fondées dans cette quête de simplicité (ce laboratoire pharmaceutique international, par exemple, et sa vingtaine de plateformes LMS).

Les fournisseurs ne s’y sont pas trompés : on a vu les périmètres fonctionnels s’étendre indéfiniment, version après version, pour tenter d’embrasser tous les besoins de la formation, et partant du service “e-learning” vouloir annexer les domaines de gestion jusque-là plutôt bien couverts par les “training management systems”. Ce mouvement s’est étendu aux processus RH (recrutement, onboarding, performance, etc.) à travers les plateformes de gestion des talents, pour offrir une solution complète "orientée talent”, en concurrence frontale avec les SIRH déjà présents dans les grandes entreprises. Bref : comment la simplicité devient complication (une histoire de Shadok), sauf dans de rares cas où la situation se prête à la réussite.

Quand une plateforme unique ne peut répondre à tous les besoins…

Justement, la réussite du principe de la plateforme unique suppose que la demande et les besoins de formation de l’entreprise et la plateforme évoluent dans le même sens et au même rythme. C’est peu fréquent. L’entreprise notamment doit prendre en compte l’irruption des nouveaux usages du Web littéralement importés par les collaborateurs dans leur pratique professionnelle : vidéo, gaming, micro learning, échanges sur les réseaux sociaux, accessibilité immédiate à d’immenses catalogues de ressources pédagogiques… Cette pression des utilisateurs vaut pour les contenus génériques qui servent les soft skills ; elle vaut aussi pour les contenus métiers (sur mesure) dont il faudra développer le flux de création.

Pression traditionnelle donc (mais en perte de vitesse) qui impose une gestion centralisée de quelques processus descendants de la formation. Pression plus récente (mais impérieuse car il y va de la qualité du service apporté par la formation à ses clients internes ou externes) qui est celle des usages. La première est convenablement couverte par une plateforme LMS unique. La seconde est protéiforme, elle ne se laisse pas enfermer.

L’écosystème des plateformes de formation : nouveau défi pour les Directions formation

On doit aujourd'hui parler d’écosystème, car les plateformes de formation ne se réduisent plus aux LMS, au training management systems, ni aux “Talent Management Systems”. Chaque nouveau venu vient couvrir (parfois susciter) un nouveau besoin. Learning Experience Platform, Learning Engagement Platform, Learning Intelligent Platform, Micro learning Platform, Mobile First Platform, Video Learning Platform… Le marketing des fournisseurs et les analystes s’en donnent à cœur joie ! On les comprend, c’est un nouveau monde qui s’ouvre plein de promesses pour les clients.

Le dessin et la gouvernance de cet écosystème appartient aux Directions formation, dont ils vont mobiliser de plus en plus de ressources et de compétences ; les moindres n’étant pas de distinguer les solutions qui créent de la valeur… et de savoir les intégrer dans l’écosystème de formation déjà existant dans l’entreprise.

Michel Diaz